Que s’est-il passé en 1914 ?

Le 28 juin 1914, un étudiant nationaliste serbe de Bosnie assassine à Sarajevo l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie et son épouse, la duchesse de Hohenberg, Sophie Chotek.

Les autorités autrichiennes soupçonnent immédiatement la Serbie d’être à l’origine du crime. L’Autriche-Hongrie interpelle l’Allemagne et le 5 juillet, l’Allemagne assure l’Autriche-Hongrie de son soutien et lui conseille la fermeté. Les Autrichiens pensent battre facilement la Serbie (source Wikipédia).

Presse du 29 juin 1914

Le couple royal à Sarajevo une heure avant l’attentat

(source Larousse.fr)

Par le jeu des alliances, plusieurs puissances européennes vont s’engager sur la voie de la guerre. Deux grandes alliances émergent :

• La Triple entente composée notamment de la France du Royaume-Uni, de la Russie et des empires qu’elles contrôlaient en tant que grandes puissances coloniales. Plusieurs états se joignirent à cette coalition : la Belgique (envahie par l’Allemagne), le Japon (en août 1914), l’Italie (en avril 1915), la Roumanie (en août 1916) et les Etats-Unis (en avril 1917).
• La Triple Alliance constituée de l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et des empires qu’elles contrôlaient. L’Empire Ottoman les rejoignit (en octobre 1914) et le Royaume de Bulgarie (en octobre 1915).

Les pertes humaines de la première guerre mondiale s’élèvent à environ 18,6 millions de morts : 9,7 millions de militaires et 8,9 millions pour les civils (source Wikipédia). Les chiffres varient beaucoup car certains ne tiennent pas compte des morts par accidents, maladies, famines ainsi que celles des soldats en captivité. En France, sur une population de 39,6 millions d’habitants, 1'397'800 militaires et 300'000 civils sont morts. Le chiffre des militaires blessés en France s’élève à 4'266'000.

La population savoyarde, majoritairement rurale, participe à l’effort de guerre, mais les récoltes sont faibles. L’industrie, par contre, est prospère.

Ainsi, les aciéries d’Ugine, situées à 20 km d’Annecy, fabriquent des projectiles, des munitions pour les obus, des tubes de canons, des tourelles de tanks pour les chars Renault ou encore des plaques pour les blindages. Au total, l’entreprise uginoise fournit 55 % de la fabrication française d’alliages spéciaux (source Wikipédia).

Notre région n’a subi ni invasion, ni destruction

Fabrication d’un obus à l’usine Les Forges et Aciéries Paul Girod à Ugine

(source Wikipédia)

Une usine de roulement à billes SRO (devenue SNR en 1946), dirigée par Ernest Schmid, est également implantée à Annecy en 1917 près de la gare à proximité des Forces du Fier. Les aciéries d’Ugine fourniront les matières premières.

Façade de l’usine SRO à Annecy vers 1917

(Photo extraite d’un document privé)

Façade de l’usine actuelle (NTN-SNR)

(Photo MT Buda 2012)

(Photo MT Buda 2012)

Au cours de la grande guerre, les Savoyards participent aux combats dans les régiments d’infanterie. Il n’existe pas de bataillons constitués exclusivement de Savoyards mais on les retrouve dans (source Wikipédia) :

• Le 30ème régiment d’infanterie dont les garnisons sont basées à Annecy, Thonon, Rumilly et Montmélian. Les troupes combattent notamment à Foucaucourt (1914), en Champagne (1915), à Verdun (1916), au chemin des Dames (1917), à Malmaison (1917) et Bligny (1918).
• Le 97ème régiment d’infanterie alpine dont les garnisons sont basées à Chambéry, Bourg St-Maurice, Moutier et Modane. Les troupes surveillent d’abord la frontière italienne (début août 1914). Elles combattent ensuite en Alsace-Lorraine (1914), en Artois (1915), Verdun et la Somme (1916) et le chemin des Dames (1917). Le régiment est associé à d’autres bataillons (77ème DI jusqu’en novembre 1918 et le 14ème corps d’armée).
• Le 230ème et le 297ème (issus du 97ème) régiment d’infanterie dont les garnisons sont basées à Annecy. Les troupes combattent en Lorraine (1914-15) à Verdun (1916-17), dans l’Aisne et en Champagne (1918).
• Divers bataillons de chasseurs alpins formant la 28ème division d’infanterie. Ces troupes surnommées « les diables bleus » combattent sur tous les fronts : Lorraine (1914-15), Verdun (1916-17), chemin des Dames (1917) ainsi que sur le front alpin.

Delcampe.net

Source Archives Départementales de la Haute-Savoie 8Fi173-683

La caserne des Chasseurs Alpins à Annecy

Source Archives Départementales de la Haute-Savoie 8Fi173-683

Le 30ème Régiment d’Infanterie défile à Annecy

La caserne du 97ème Régiment d’Infanterie Alpine à Chambéry

Source www.actuacity.com/chambery

L’ordre de mobilisation générale intervient le dimanche 2 août 1914

• L’armée active : sont mobilisés dès le début du conflit les régiments d’active qui regroupent les hommes qui effectuent leur service militaire numérotés de 1 à 176. Cette armée est composée des hommes âgés de 21 à 23 ans c’est-à-dire nés en 1891, 1892, 1893 et au-delà. La durée du service est de 3 ans.
• L’armée de réserve : sont mobilisés dès le début du conflit les régiments de réserve numérotés de 201 à 421. Cette armée est composée des hommes âgés de 24 à 33 ans c’est-à-dire nés entre 1881 et 1890. La durée est de 11 ans.
• L’armée territoriale : sont mobilisés tout au long du conflit les régiments de la territoriale. Cette armée est composée des hommes âgés de 34 à 39 ans c’est-à-dire nés entre 1875 et 1880. La durée du service est de 7 ans.
•  La réserve de l’armée territoriale : elle est composée des hommes âgés de 40 à 45 ans c’est-à-dire nés entre 1868 et 1874. La durée du service est de 7 ans. Rapidement, la réserve de l’armée territoriale incorpore des hommes âgés de 46 à 49 ans c’est-à-dire nés entre 1865 et 1868.
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En 1914, 8 millions d’hommes entre 18 et 45 ans sont mobilisés, soit 20 % de la population.

La loi du 7 août 1913 porte la durée du service militaire à 3 ans et la durée des obligations militaires à 28 années.

Selon son âge, chaque homme doit s’acquitter de ses obligations militaires (source Wikipédia).

Il passe par trois armées réglementaires différentes :

En 1914

En 1915

Lors de la mobilisation en août 1914 l’uniforme des soldats est très proche de celui porté durant la guerre de 1870. Il est très voyant car le pantalon ainsi que le képi sont de couleur rouge. Il sera vite fourni des couvre-képi gris-bleu ou bleu-clair. Malheureusement, cet équipement inadapté coûtera la vie à des milliers de soldats les premiers mois du conflit. Ce ne sera qu’en août 1915 que le nouvel uniforme bleu clair sera adopté.

Comment s’est déroulée la mobilisation à Annecy ?

Dès le 27 juillet 1914, la population est informée par la presse que la situation internationale se dégrade. Le 29 juillet, Belgrade, capitale de la Serbie, est bombardée par les troupes autrichiennes. L’Allemagne débute la mobilisation de son armée.

Le 28 juillet 1914, le 11e bataillon des chasseurs alpins qui était en manœuvre est rappelé à Annecy. Le 29 juillet c’est au tour du 30ème de ligne qui se trouve en garnison à Rumilly.

L’ordre de mobilisation générale est publié le 1er août 1914 en fin d’après-midi et rappelle :

•  les réservistes et territoriaux des 11ème et 51ème bataillons de   chasseurs alpins
•  le 1er bataillon territorial des chasseurs alpins
•  le 107ème territorial d’infanterie
•  les 30ème et 230ème régiments de ligne

Le 2 août est marqué par l’arrivée à Annecy du bataillon du 30ème de ligne en garnison à Rumilly.

Source Archives Départementales de la Haute-Savoie 8Fi3659-3689

Tous les trains sont réquisitionnés. Les 3 et 4 août 1914, la ville d’Annecy est remplie de milliers de militaires. Dans la matinée du 5 août, départ du 11ème bataillon des chasseurs alpins pour Epinal (Vosges) puis c’est au tour du 30ème de ligne et du 1er bataillon territorial de chasseurs alpins en fin d’après-midi.

Le bilan pour les communes savoyardes

Les pertes humaines en Savoie, selon les chiffres officiels, s’élèvent à 19’632 soldats morts (source Wikipédia).

Pour les 8 communes du Val des Usses, les monuments aux morts qui ont été érigés entre 1920 et 1925 sont là pour rappeler le sacrifice de tous ces jeunes combattants.

Nombre de soldats morts lors de la première guerre mondiale et dont les noms figurent sur les monuments aux morts des communes